L’autrier m’en aloie chevauchant
L’autrier m’en aloie chevauchant, Parmi une arbroie lez un pendant. Trouvai pastorele qui en chantant Demenoit grant joie pour son amant; En son chief la bele chapel ot mis De roses nouvele si disoit touz dis: «Chiberala chibele, douz amis, Chiberala chibele, soiez jolis.»Je me tres arriere, si descendi; En sa simple chiere grant biauté vi; En nule maniere son douz ami Ne pot metre arriere ne en oubli. Li cuers li sautele, ce m’est avis, Son ami apele, si disoit touz dis: «Chiberala chibele, douz amis, chiberala chibele, soiez jolis.»Quant oi son regret assez escouté, Vers li me sui tret si regardé Son vis vermeillet, ou a grant biauté, Et son pis blanchet, plus que flor d’esté Envers sa mamele fleur de lis Pas ne s’apareille; si disoit touz dis: «Chiberala chibele, douz amis, chiberala chibele, soiez jolis.»Quant la pastorele me vit venant, El s’en retorna tout maintenant; D’iluec s’en ala, joie menant, En haut s’escrïa, jol ivement. Tout errant la bele son frestel a pris, Si chante et frestele et disoit touz dis: «Chiberala chibele, douz amis, chiberala chibele, soiez jolis.»N’iert guere esloignie quant je la vi, en une valee o son ami, gente et acesmee et cil ausi. Mil foiz l’a baisiee, et ele lui; pas ne renouvele cele au cler vis son chant, ainz frestele, si disoit touz dis: «Chiberala chibele, douz amis, chiberala chibele, soiez jolis.» |
L’autre jour, me promenant à cheval, je traversais un bois à flanc de coteau. Je découvris une bergère toute joyeuse, occupée à chanter qu’elle était amoureuse. Sur sa tête elle avait posé une couronne de roses fraîches et ne cessait de chantonner: «Chiberala, chibele, doux ami, chiberala, chibele, Soyez joli.»Je fis demi-tour et sautai de cheval Je vis alors combien son frais visage était Loin d’elle la pensée de négliger ou d’oublier son doux ami. Je pouvais voir battre son coeur, me semblait-il, et elle appelait son ami, tout en chantonnant: «Chiberala, chibele, doux ami, chiberala, chibele, soyez joli.»Après avoir longtemps écouté ses prières, je me suis approché d’elle pour mieux regarder son visage éclatant, d’une grande beauté, sa poitrine plus blanche que fleur d’été – les lis avec ses seins n’auraient rivalisé – et elle chantonnait toujours: «Chiberala, chibele, doux ami, chiberala, chibele, soyez joli.»Quand la bergère vit que je m’approchais elle s’en retourna aussitôt; toute à son bonheur, elle s’éloigna, chantant bien haut et avec grâce. Chemin faisant, elle avait pris son chalumeau dont elle jouait tout en fredonnant, et elle chantonnait: «Chiberala, chibele, doux ami, chiberala, chibele, soyez joli.»Non loin de là, je la vis bientôt, au creux d’un vallon avec son ami, coquettement mise, tout comme lui. II lui donna mille baisers, elle les lui rendit Elle ne chantait plus, la belle au clair visage mais elle répétait toujours, sur le chalumeau: «Chiberala, chibele, doux ami chiberala, chibele, soyez joli.» |
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